JESUS OU MARIE ?

Publié le par Mentonnais

Une histoire chez nos voisins italiens qui m'a fait sourire.


Jésus et Marie divisent
un village des Apennins
Richard Heuzé, à Rome
03/07/2009 | Mise à jour : 09:04
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Si une majorité se dégage en faveur d'une procession unique, Marie continuera d'être fêtée début septembre, sans changement. Dans le cas contraire, si Jésus l'emporte, une deuxième fête sera organisée en son honneur, le troisième dimanche de septembre.
Si une majorité se dégage en faveur d'une procession unique, Marie continuera d'être fêtée début septembre, sans changement. Dans le cas contraire, si Jésus l'emporte, une deuxième fête sera organisée en son honneur, le troisième dimanche de septembre. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Un référendum est organisé à Moncigoli pour savoir s'il faut honorer, lors de la procession paroissiale, le Christ ou la Vierge.

Le week-end prochain, les paroissiens de Moncigoli seront appelés à trancher par référendum entre Marie et Jésus. La question est grave. Traditionnellement, cette petite localité toscane de 380 âmes défilait dans une belle unanimité derrière la statue de la Vierge lors de la fête de sa Nativité, en septembre.

Tout a changé cependant avec l'arrivée, il y a huit ans, d'une statuette du Seigneur. Ou plus exactement après l'accomplissement d'une guérison que les habitants ont eu vite fait de classer comme «miraculeuse». Un paroissien qui se trouvait au plus mal, au point que les médecins ne voulaient plus croire en sa guérison, s'est subitement remis sur pied après avoir imploré Jésus.

Dès lors, les fidèles se sont divisés en deux clans : ceux qui veulent continuer d'honorer la Vierge Marie et ceux qui sont déterminés à rendre grâce à Jésus.

Le dilemme cornélien s'est propagé à Fivizzano, la commune la plus proche, localité de 5 000 habitants juchée dans les Apennins, au milieu des bosquets et des carrières de marbre qui scintillent au soleil, une Florence en miniature avec sa splendide place et une fontaine qui ne dépareillerait pas dans la cour d'un palais des Médicis. Comme de nombreuses villes de Toscane, Fivizzano est un concentré de trois cultures, la tradition anarchiste héritée du travail dans les carrières de marbre, la veine socialiste très diffuse en Toscane et l'influence catholique.

Aussi le maire, Paolo Grassi, élu du Parti démocrate, ne s'est-il pas étonné quand il a reçu le questionnaire référendaire. «C'est un exemple de participation, une décision prise de manière démocratique», explique-t-il. Pour don Emmanuel Mpolo, un prêtre congolais exerçant en Italie depuis douze ans et arrivé à la paroisse Sainte-Marie-Madeleine de Moncigoli il y a neuf mois, le référendum était l'unique recours possible. «Le conseil paroissial s'était divisé. Impossible d'en sortir. J'ai donc eu l'idée de consulter directement nos fidèles», dit-il au Figaro.

 

Vivacité du débat

Si une majorité se dégage en faveur d'une procession unique, Marie continuera d'être fêtée début septembre, sans changement. Dans le cas contraire, si Jésus l'emporte, une deuxième fête sera organisée en son honneur, le troisième dimanche de septembre.

Catholique dévot et enfant du pays, Sandro Bondi, ministre de la Culture et coordonnateur du Peuple de la liberté, le parti de Silvio Berlusconi, ne s'étonne pas de la vivacité du débat : «les gens de chez nous sont des personnes combatives».

Lui-même, fils d'ouvrier socialiste et ancien militant des jeunesses communistes, a fait sa thèse de philosophie sur Leonardo Vallanzana, un moine augustinien qui faisait des prêches enflammés contre le frère dominicain Jérôme Savonarole, mort sur le bûcher pour hérésie contre l'Église en 1498. Quand on l'interroge sur le référendum, il se contente de répondre en souriant qu'il a emporté avec lui au ministère une effigie de la Madone, sainte patronne de Fivizzano.

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